Raoul Schaaf (Abrigado) : réinsertion des toxicomanes, mode d’emploi

Raoul Schaaf, Directeur du Comité National de Défense Sociale a répondu à nos questions concernant Abrigado, une structure axée sur l’aide aux toxicomanes adoptant une approche holistique afin d’œuvrer à les réinsérer dans la société. Interview.

Pourriez-vous présenter Abrigado en quelques mots ?

Abrigado se compose de trois pôle complémentaires. La première se concentre sur l’aide à la survie, avec le Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD), la salle de consommation de drogues pour personnes toxicomanes (SCDMR) et le Service Médical. Nous sommes présents depuis 20 ans ici, dans les containers à côté de la gare. Les personnes en détresse peuvent prendre une douche, aller aux toilettes, obtenir du matériel -notamment des seringues-, des produits de substitution et nous offrons 42 lits, avec 12 lits dans 2 chambres exclusivement réservées pour les femmes. Nous proposons également une aide administrative, et un accompagnement aux démarches nécessaires dans un monde qui est devenu très complexe au niveau administratif. Le deuxième pôle propose un accompagnement par le travail, en collaboration avec nos diverses structures offrant des mesures d’activation. Ceci permet aux intéressés de bénéficier de l’allocation d’activation, un élément du Revenu d’Inclusion Sociale (REVIS) en travaillant par exemple à la Vollekskichen, en balisant les circuits autopédestres et le Mullertal trail ou en prenant soin de différentes réserves naturelles à travers le pays et dont la Fondation Hëllef fir d’Natur est le propriétaire. Enfin, nous accompagnons dans le 3ème pôle l’hébergement, à travers 120 logements.
 

« Le piège consisterait à fournir du confort dans la misère. Abrigado et les structures de la CNDS oeuvrent pour sortir les toxicomanes de cette misère »

 

Quels sont les bénéfices de votre action pour la population

Tout d’abord, je pense que notre société se doit de soutenir les personnes en difficulté et de protéger leurs vies. Nous nous chargeons de cette tâche difficile. Nous intervenons quasi-quotidiennement pour des overdoses, mais aucun décès n’est survenu au CAARUD depuis sa création. Ensuite, la présence de médecins nous permet d’absorber des centaines de consultations chaque mois et de soulager les hôpitaux, ce qui représente une réelle plus-value pour la population. Mais le principal bénéfice repose sur notre approche holistique, qui nous permet d’œuvrer pour sortir les personnes en difficulté de la misère en utilisant tous les moyens nécessaires : assistance administrative, accès à un emploi, à un logement. Les toxicomanes sont dans un état de vulnérabilité extrême : le piège consisterait à leur fournir du confort dans la misère. Abrigado et les structures du CNDS œuvrent pour les sortir de cette misère.

 

Comment les individus et les entreprises peuvent-elles soutenir vos efforts ?

 Je peux vous donner 3 exemples de projets : le TABA offre une occupation pour structurer la journée de toxicomanes âgés (TABA) permettant d’améliorer l’estime de soi-même et de faciliter les interventions psychosociales auprès de la personne addictive. Le Housing First constitue un deuxième projet visant à donner un logement de manière inconditionnelle à des personnes en très grande détresse sociale. Permettre aux personnes de retrouver le calme et la sécurité d’un chez soi reste primordial dans ce modèle. Enfin, nous travaillons actuellement sur un projet de maison réservée aux femmes : « Entre-elles ». Les entreprises ou personnes intéressées peuvent réaliser un don via le Rotary Schuman ou en nous contactant directement.

www.cnds.lu/abrigado/